Lorsque Bébé tarde à arriver, notamment parce que la femme n'a pas d'ovulation à chaque cycle, c'est l'une des toutes premières prescriptions des gynécologues…
La faute aux ovaires ?
Près d'un tiers des infertilités féminines sont dues à la non production (ou à la production irrégulière) d'un ovocyte de bonne qualité. Or, s'il n'y a pas d'ovocyte, il ne peut y avoir fécondation ! Pour autant, les ovaires ne sont pas toujours les seuls coupables. Comme ils travaillent sous les ordres de deux petites glandes du cerveau - l'hypophyse et l'hypothalamus - le mauvais fonctionnement de ces dernières peut aussi être en cause. C'est pourquoi lorsque le gynécologue soupçonne des troubles de l'ovulation - notamment parce que votre courbe de température reste plate tous les mois ou presque - il commence par demander un bilan hormonal.
Ce que le bilan nous apprend
Il peut faire la différence entre des ovaires endormis ou paresseux qui ne répondent pas aux sollicitations du cerveau (cas le plus fréquent) et des ovaires qui fonctionnent bien, mais ne reçoivent plus l'ordre de produire des ovocytes ! Le médecin a aussi parfois la surprise de découvrir une autre affection endocrinienne, qui vient interférer avec la fonction ovarienne : c'est par exemple le cas d'une hypothyroïdie, qui touche majoritairement des femmes. En effet, le manque de sécrétion d'hormones thyroïdiennes provoque un ralentissement général de tout l'organisme (d'où prise de poids, constipation, frilosité, baisse de moral et baisse de la libido) et la fonction de reproduction peut être touchée. Le risque est d'autant plus grand que la prise de poids est importante, car le surpoids est un facteur de risque de troubles de l'ovulation, à part entière. Si une hypothyroïdie est reconnue coupable, la correction de ce trouble thyroïdien règle aussi le problème de l'infertilité, dans la foulée.
Coup de pouce hormonal par voie orale
Quand les ovaires sont les seuls coupables, le médecin prescrit volontiers en première intention, du citrate de clomifène (Clomid®). Ce médicament agit en stimulant la sécrétion, par l'hypophyse, des hormones de reproduction (FSH et LH). Ces dernières agissent à leur tour sur les ovaires pour développer un follicule ovarien.
Débuté deux à cinq jours après le premier jour des règles, le Clomid® est prescrit pendant cinq jours. Assez bien toléré, ce traitement peut tout de même occasionner des troubles de la vision, des bouffées de chaleur, des maux de tête, des étourdissements et des nausées. De plus, nervosité et insomnie ne sont pas rares. En contrepartie, il permet de débloquer la situation chez certaines femmes (environ 3 sur 10 se retrouvent enceintes) et ce, assez rapidement puisque la majorité des grossesses ainsi obtenues, survient trois mois seulement après le début de sa prescription.
Corollaire : si durant les six ou neuf cycles pendant lesquels le Clomid® est prescrit, il n'y a pas ou trop peu d'ovulation - même lorsqu'il est donné à la posologie maximale - c'est que cette stratégie thérapeutique ne convient pas. Inutile de persévérer, il faut passer à l'étape suivante …
Hormonones en sous-cutané et surveillance rapprochée
En cas d'échec au Clomid® ou lorsque le bilan hormonal a montré une sécrétion hypophysaire insuffisante, le médecin peut proposer des gonadotrophines - Gonal-f® ou Puregon® - c'est-à-dire, des molécules proches de celles sécrétées par l'hypophyse pour stimuler les ovaires. C'est un traitement injectable (en sous-cutané), à débuter également en début de cycle.
Il s'agit d'un traitement sur mesure, modulable tout au long du cycle. Il doit donc être entrepris par un médecin expérimenté dans les problèmes de stérilité, car une stricte surveillance s'impose. Elle repose sur des dosages sanguins hormonaux et la vérification, à l'échographie, de la taille du follicule qui va libérer l'ovocyte. Elle permet d'éviter la survenue d'un syndrome d'hyperstimulation responsable de douleurs abdominales, d'une augmentation de volume de l'abdomen et souvent de nausées et de vomissements. Si cela se produit, une consultation en urgence s'impose.
Elle permet aussi de déterminer avec précision quand survient l'ovulation - ou quand il est nécessaire de la déclencher, par l'administration d'une autre hormone - et donc, quand les rapports sexuels doivent avoir lieu. Or tous les couples ne sont pas prêts à supporter cette forme d'intrusion dans leur vie intime et c'est pourquoi il est si important de bien s'informer avant !